Il faisait noir. C’était une nuit sans lune. Les seuls points un tant soit peu lumineux étaient les étoiles. Il y avait une grande forêt, plus que ça, immense. Elle était aussi noire que cette nuit-ci. Une faible brise en agitait les branches, irrégulièrement. Le silence n’était troublé que par quelques hululements stridents de chouettes ou de hiboux isolés. Mais l’ambiance générale restait lourde, froide et surtout terrifiante.
Soudain, dans un recoin silencieux et immobile quelques secondes auparavant, tous les oiseaux -environ deux ou trois- s’envolèrent en pagaille, apeurés. Puis le calme revint, de nouveau seulement troublé par quelques bruits légers et isolés. Mais ce calme n’était que extérieur à la forêt. En réalité, cette forêt sombre était tout sauf calme et très traîtresse. Elle était même très agitée, mais toujours en silence.
Les troncs étaient serrés, les branches basses et les souches surélevées au point que la progression y était ardue. Cependant, elle restait réalisable, si on ne comptait que cela. Mais c’était sans compter les animaux qui y vivaient. Les loups étaient de ceux là. Sans être les pires des prédateurs, ils restaient tout de même très dangereux. Ils étaient silencieux et rapides, chassaient en bande et leurs yeux ne se détachaient jamais de leur proie. Certains racontaient même que dans leurs yeux, on pouvait voir brûler les flammes de l’enfer et que leurs crocs étaient si brillants qu’on les repairait à des kilomètres à la ronde. Mais beaucoup était mort sans même les avoir vu…
Les prédateurs étaient composés de beaucoup plus d’animaux qu’une seule race. Il y en avait de toutes tailles, de toutes formes et de toutes les couleurs en version volante rampante ou marchante. Il ne fallait donc jamais baisser sa garde car toute erreur, même minime, pouvait être fatale. C’était pour cela que la forêt avait été interdite, entre autre.
C’est dans cette ambiance paisible à ses yeux qu’une jeune fille viola le sanctuaire qu’était cette forêt. Elle était vêtue d’une tenue bleue pale, non repérable. Elle marchait aussi silencieuse que les loups, d’une démarche pourtant féline dans sa souplesse et son agilité. Elle passait outre tous ce qui se dressaient sur son passage, élément de la nature ou non, continuant toujours sans s’arrêter. Elle avait beau être grande, elle pouvait ramper quand le besoin s’en faisait sentir. Elle portait plusieurs armes visibles. Faisant parti de cette catégorie, on pouvait voir un arc passé à son épaule gauche ainsi qu’un carquois rempli de flèches, une matraque et un sabre dans son dos et deux dagues élégamment faites passées à sa ceinture. Un morceau de bois y était aussi passé.
Kitty regarda de ses yeux perçants autour d’elle. Elle ne voyait rien de suspect pour troubler la charmante balade qu’elle effectuait. Elle sentit contre elle ses diverses armes. Son arc et son carquois passés à son épaule gauche, facilement accessibles, son sabre et sa matraque dans son dos, tout autant accessibles, ses deux dagues ainsi que sa baguette passées à sa ceinture. Puis, il y avait cette ceinture intérieure faite de poignard avec une lame d’une dizaine de centimètres seulement, les deux poignards portés à ses chevilles et les deux autres placés dans ses manches. C’était devenus une habitude pour elle d’être ainsi vêtue. Cependant, elle ne pouvait faire cela que dans la forêt et de nuit, niveau armes visibles. Niveau invisible, elle mettait le double.
Elle marcha à travers la forêt, suivant un chemin qui n’apparaissait qu’à elle. Avec autant d’élégance, elle continua sa traque. Il était une heure du matin.